The Family va bien

Alice Zagury
7 min readJan 22, 2021

Depuis l’annonce de la fermeture de nos locaux à Paris, Londres et Berlin, certains médias publient des articles à charge contre The Family — Challenges, La Lettre A, Maddyness.

Courageusement anonymes, certains de nos actionnaires expriment leur mécontentement avec violence. N’ayant pas encore pu tirer leurs billes de leur investissement, ces individus préfèrent passer par les médias — bafouant au passage leurs engagements de confidentialité — pour exprimer leur frustration.

À leur tour, les journalistes contactés, pensant tenir un scoop, tentent de comprendre les dossiers et déploient des analyses alambiquées que peu de lecteurs peuvent saisir, faute de compréhension par les auteurs eux-mêmes.

Résultat : on peut lire ici et là de longues tentatives de lapidation de notre modèle, tantôt appelé “usine à gaz”, tantôt “schéma de Ponzi” ou encore “arnaque”.

Je tiens à signaler qu’en parallèle, ces mêmes investisseurs pensent avoir réussi leur “coup” : faire pression sur The Family pour négocier leur sortie en douce à un multiple (très) avantageux — tout cela à l’aide d’un banquier d’affaires qui se croit au Far West.

Notre mot d’ordre est simple : on ne se rabaisse pas à cette bataille stérile, on reste concentrés sur notre mission.

On a un portefeuille de startups à soutenir et 30 équipes qui viennent tout juste de rejoindre notre nouveau programme. Ces entrepreneurs ont besoin de notre entière présence, optimisme et énergie. Et nos principaux actionnaires, qui nous font confiance, en ont tout simplement assez de nous voir pris dans ces querelles de microcosme : eux aussi nous poussent à rester concentrés sur notre mission et à avancer.

Si nos entrepreneurs et nos actionnaires sont avertis depuis un moment de cette campagne de presse, je ressens néanmoins le besoin de prendre la parole pour rétablir quelques faits publiquement.

1. The Family va bien.

Pour la première fois, mon équipe peut se consacrer pleinement à sa mission : accompagner des entrepreneurs ambitieux.

2020 : il fallait faire des économies, nous avons fermé nos locaux. Mais en réalité, cela faisait bien 3 ans que nous aurions dû prendre la décision de les fermer. Pourquoi ? Parce que de nombreux acteurs sont arrivés depuis, pour jouer le rôle de “lieux de rassemblement” ; que si nos locaux ont pu aider à créer des échanges, ils nous ont aussi condamné à un ancrage local et à une perception locale. Or notre positionnement est global ! Cette décision qui aurait été difficile à prendre sans la pandémie, nous a soulagé.

Evidemment, nous aimons la rencontre, le réel, les échanges, les dîners… Il ne s’agit pas d’y renoncer ! Nous sommes justes réalistes : (1) Covid ne laisse pas le choix et (2) on n’a pas besoin de locaux fixes pour se retrouver où on veut, quand on veut.

Notre virage a porté ses fruits. Entre septembre et décembre, nous avons reçu des candidatures fantastiques. Depuis le 11 janvier, de nombreuses startups — de France, d’Israël, des Philippines, d’Autriche, d’Espagne — ont rejoint notre nouveau programme 100% en ligne, dans le but de challenger leur stratégie, trouver des pairs avec qui échanger, se soutenir et lever des fonds avec des investisseurs du monde entier. C’est ça notre métier, et rien d’autre.

2. Au risque de se répéter : The Family n’est pas un incubateur, The Family est un associé minoritaire, stratégique et de long terme.

Un incubateur est un loueur de bureaux. Nous, nous prenons des parts dans des sociétés en échange de notre accompagnement. Ces sociétés peuvent être incorporées partout dans le monde, peu importe où sont leurs locaux et si même elles en ont.

Nous investissons bien plus que de l’argent — nous investissons du travail acharné : pédagogie, mise en relation, conseil, design, recrutement, aide à la levée de fonds…

Nous rentrons très tôt au capital, à un stade où aucun business angel n’a encore prêté attention à la startup. Nous faisons en sorte que nos participations, qui n’ont l’air de rien au début, puissent valoir beaucoup, un jour. Nous avons pour objectif de rester le plus longtemps possible au capital, jusqu’à un rachat — si rachat il y a.

Il faut le dire : l’écosystème entrepreneurial européen est pauvre en exits et, malgré notre détermination, nous ne pouvons pas aller plus vite que la musique. Depuis le début, il nous a donc fallu trouver des ressources pour nous développer pendant toutes ces années et couvrir nos coûts opérationnels.

3. Nos dépenses ne sont pas des pertes : elles permettent de prendre des parts dans des entreprises et de faire grandir un portefeuille d’actifs qui s’apprécient.

Pour comprendre l’expérience de The Family, voici le parcours d’un entrepreneur :
- Seul avec son idée et ses associés, il recherche des informations sur Internet.
- Il tombe sur nos nombreuses vidéos en ligne, il apprend, teste, trouve des clients…
- Il fait le tour de son écosystème et réalise qu’il a besoin d’être entouré de gens qui pourront croire en lui.
- Il candidate à The Family.
- S’il est sélectionné, mon équipe commence à établir une relation, formaliser des objectifs à atteindre.
- Ensuite, nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour l’aider à les atteindre.

Tout cela à un coût, que nous avons toujours couvert de 3 manières :

(1) En créant nos propres sources de revenus (les formations Koudetat, Lion & Goldup par exemple). Arrive un moment où ces activités deviennent importantes et nécessitent une équipe dédiée, donc elles deviennent des filiales qui prennent leur indépendance opérationnelle. On reste souvent majoritaire au capital et parfois elles paient des dividendes à The Family.

(2) En levant des fonds. En 7 ans, les millions d’euros levés, mentionnés dans chaque article comme des pertes n’en sont pas puisque c’est cet argent qui nous a permis de marketer The Family et s’est matérialisé dans des prises de participation.

(3) Via des S.P.V.: Du fait de notre bonne entente avec les entrepreneurs, nous avons parfois l’opportunité d’obtenir une place dans des tours d’investissement très compétitifs. Ces opportunités, nous les offrons à notre réseau d’investisseurs, via des “SPV” — Special Purpose Vehicle — auxquels nous prenons une commission au moment de la réalisation de la plus-value et parfois à la mise en place.

4. La gestion de nos opérations financières est regardée à la loupe.

Certains investisseurs s’étonnent que The Family ait pu garder autant de liberté d’action, nous accusent de ne pas respecter les droits des actionnaires, sous-entendent que nous manipulons les chiffres, voire même que nous organisons des opérations louches.

Il faut dire que nous avons beaucoup tâtonné et itéré dans la communication via nos mails de reportings, sans cesse ballotés entre la volonté d’être transparents et l’impératif de protéger les entreprises de notre portefeuille de nos actionnaires pas toujours respectueux de leurs engagements de confidentialité.

Résultat : notre reporting ne donne pas systématiquement satisfaction à tous. L’erreur est humaine mais vu le boulot accompli, c’est du soutien de nos actionnaires dont on aurait eu besoin. Et notre porte est toujours ouverte à ceux qui souhaitent poser des questions avec bienveillance et une sincère volonté de comprendre.

A aucun moment le doute ne peut planer sur le bien fondé de nos intentions. Et au-delà des mots, les faits. Nous avons à notre capital certains des investisseurs institutionnels les plus respectés dans le capital-risque en Europe, qui nous soumettent à des obligations strictes s’agissant de rendre des comptes. Les comptes des principales entités de notre groupe sont audités. Certes, tous nos actionnaires n’ont pas accès à tout — loin de là. Mais l’existence de cette gouvernance, ainsi que notre alignement avec nos actionnaires (nous gagnons de l’argent quand ils gagnent de l’argent), est là pour les rassurer sur le fait que dans cet environnement difficile, nous continuons d’avancer.

5. Sans rancune.

Aux journalistes qui pensent bien faire leur travail : vous mobilisez l’opinion sur ce qui se résume à une bataille égotique d’investisseurs en mal de R.O.I.

À nos actionnaires qui se posent encore des questions : c’est à nous qu’il faut les poser, pas aux journalistes.

Enfin, à ces quelques investisseurs qui pensent qu’en saccageant une entreprise, ils vont “rétablir l’ordre” ou “arrêter de nourrir le monstre” : merci d’incarner au grand jour ce que nous avons toujours décrié, la toxicité de l’écosystème.

6. On aime bien trop notre métier pour prendre au sérieux ces attaques.

Cette crise a fait tomber les masques, sans mauvais jeu de mot. Nous sommes chaque jour les témoins directs de l’attitude de quelques investisseurs qui ne se cachent plus (ou presque plus) — que ce soit chez The Family ou dans les boards de beaucoup de startups de notre portefeuille. Quand la crise frappe de plein fouet, ils semblent n’avoir pas mieux à faire que d’enfoncer les entreprises un peu plus.

Mais nous sommes patients, passionnés par notre métier et très résilients. Ce n’est ni la première, ni la dernière bataille à mener et cela nous convient très bien. Nous sommes plus que confiants dans la voie que nous empruntons.

Cet épisode ne fait que renforcer nos convictions :

  • L’entrepreneuriat dans l’univers des startups cristallise l’attention parce qu’il compte et va compter de plus en plus.
  • Le développement à l’échelle internationale est notre meilleur anticorps contre les luttes intestines au sein de petits milieux toxiques — comme celui que nous donne à voir la presse ces jours-ci.

Enfin, la bonne réputation est une affaire de durée dans le temps et ne se joue pas à trois articles malheureux. Nous sommes humains et ne pouvons cacher notre désarroi quand on lit ces pages, mais fort heureusement, nous avons la chance d’être entourés d’entrepreneurs reconnaissants qui nous rappellent chaque jour leur soutien, fondé sur des expériences réelles.
Merci à eux !

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